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A Atlanta, Kamala Harris confirme la place centrale des droits reproductifs dans sa campagne

Kamala Harris aime se présenter en « combattante joyeuse ». D’Etat en Etat, sur les routes de la campagne présidentielle, elle s’exprime devant des assistances souvent massives et enthousiastes. Mais vendredi 20 septembre, son passage rapide au nord d’Atlanta (Géorgie), était empreint d’une gravité particulière. Même sa chanson fétiche, Freedom, de Beyoncé, n’était pas diffusée. La candidate démocrate a prononcé un discours personnel et cinglant sur l’avortement, une cause devenue le fil de sa vice-présidence depuis juin 2022, et la décision de la Cour suprême supprimant ce droit fédéral.
Devant environ trois cents personnes rassemblées dans une salle de spectacle, Kamala Harris a dénoncé les « lois obscures et immorales » adoptées dans une vingtaine d’Etats américains, interdisant ou restreignant fortement la pratique de l’IVG. « C’est une crise sanitaire, et Donald Trump est l’architecte de cette crise », a-t-elle lancé.
Pour la candidate démocrate, l’avortement est un thème de mobilisation essentiel auprès des femmes et des jeunes, dont le vote pourrait s’avérer décisif dans des Etats pivots comme la Géorgie. Les sondages y naviguent dans la marge d’erreur.
Mais il s’agit aussi du sujet dont Kamala Harris parle avec le plus d’incarnation et de vigueur. Sa stratégie politique consiste à ne pas se laisser enfermer dans un discours classique de gauche, dit « pro-choix », mais d’aborder cette question sous un angle plus large : celui des droits menacés – en parlant aussi de la fécondation in vitro et de la contraception – et celui de l’égalité d’accès aux soins.
C’est ainsi que Zaina Malembo, 19 ans, en est venue à épouser ce combat. Fille de pasteurs pentecôtistes, la jeune femme fait partie des Jeunes démocrates à l’université d’Etat de Géorgie, où elle étudie les politiques publiques. « Pour moi, l’avortement est un sujet délicat, car je crois en Jésus-Christ et au don que nous avons reçu, celui de donner la vie. Un avortement, c’est un peu comme inviter la mort en soi. Mais je me suis renseignée sur la justice reproductive, la façon dont elle était apparue, dit Zaina Malembo, qui rêve de devenir représentante ou sénatrice. C’est une affaire de santé. Il s’agit de s’assurer que chaque femme obtient ce dont elle a besoin, pour pouvoir traverser la grossesse et ses suites de la meilleure façon. »
Dans un Etat comme la Géorgie, où le taux de mortalité maternelle est l’un des plus élevés du pays, cette approche parle à toutes les femmes, particulièrement les plus défavorisées et les Afro-Américaines. Lors de son intervention, Kamala Harris tournait le dos à deux tribunes entièrement composées de femmes. Dans le public lui faisant face, les hommes étaient fort rares. « Et ces hypocrites veulent se mettre à parler de “ce qui est dans le meilleur intérêt des femmes et des enfants”, dit la candidate au sujet des républicains. Vous étiez où quand il s’agissait de prendre soin des femmes et des enfants de l’Amérique ? Vous étiez où ? Comment osent-ils ? » L’émotion de Kamala Harris et le grondement de la salle étaient d’autant plus sincères que cette cause, en Géorgie, a un visage : celui d’une défunte, Amber Nicole Thurman.
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